L’histoire de la SSHMSN est liée de près à l’histoire de la médecine et des sciences au 20ème siècle. Elle fut fondée en 1921, avant que le domaine n’entre véritablement à l’université ou dans une autre institution. Son premier secrétaire, Henry-E. Sigerist, qui deviendra un historien de la médecine très reconnu en Europe et aux Etats-Unis, lui attribuait comme fonction de «faire interagir les médecins et les scientifiques actifs en Suisse et intéressés par l’histoire de leurs disciplines».
Les deux premiers chantiers de la société furent l’organisation de séances de communications scientifiques et l’encouragement à la publication d’études. Une collection intitulée «Publications de la Société suisse d’Histoire de la Médecine et des Sciences naturelles»vit le jour en 1922 et perdure encore, sous un nouveau titre, relié à un autre de nos produits: Gesuche. Le lancement en 1943 de notre périodique nommé en souvenir du naturaliste suisse Conrad Gesner atteste d’une part d’un enracinement progressif de notre domaine en Suisse; il dénote aussi, en cette période de guerre, d’une place que la Suisse veut occuper lorsque la paix sera revenue et qu’il conviendra de renouer les liens internationaux que la guerre a rompus. A l’époque, il n’y avait que deux périodiques nationaux en histoire de la médecine qui publiaient des articles internationaux: l’un allemand, créé en 1908, l’autre etasunien, publié depuis 1933. Après la Suisse, et suite à la fin de la guerre, d’autres pays suivront le même exemple: Royaume-Unj (1946), Espagne (1949), Italie (1964), France (1967), Pays-Bas (1978) auront un périodique à ambition internationale, enraciné dans le pays éditeur.
Avec les moyens mis à disposition par la Fondation Dr Markus Guggenheim-Schnurr dès 1962, la SSHMSN pourra ouvrir de nouveaux chantiers: inviter chaque année un conférencier de marque pour prononcer une conférence magistrale, en souvenir du donataire, attribuer le Prix Henry-E. Sigerist pour récompenser la parution d’un article particulièrement réussi par une ou un jeune chercheur – et ce faisant encourager la relève.
Plusieurs universités suisses ont ouvert un institut d’histoire de la médecine durant la seconde moitié du siècle dernier: Zurich (1951), Berne (1979), Lausanne (1990), Genève (1990). Dans la foulée, naissent des instituts, ou du moins des professorats en théorie, en histoire et en sociologie des sciences: Zurich (1980), Genève (1988), Berne (1999), Bâle (2001), Lausanne (2002) s’y mettent en rapide succession. C’est là un signe de professionnalisation et de spécialisation qui ne touche pas que l’histoire de la médecine et des sciences, mais qui reflète l’une des grandes évolutions sociétales de notre temps. La SSHMSN, fidèle en cela à ses pères fondateurs, continue de vouloir «réunir les médecins et les scientifiques de Suisse intéressés à l’histoire»; elle est aussi devenue aujourd’hui la société faîtière des professionnelles et des professionnels de l’histoire (de la théorie et de la sociologie) des sciences et de la médecine.
Pour l’histoire v. Gesuche 28 (1971) 72-78 und 53 (1996) 165-174 (y inclus la liste des membres du comité 1921-1996).